Présenté cette année au festival de Cannes en Compétition Officielle et quelques mois après « How to Have Sex », c’est au tour de « Diamant Brut » d’aborder une certaine partie de la jeunesse féminine.
La réalisatrice Agathe Riedinger nous dévoile le parcours, la vie et les objectifs de Liane, jeune Fréjussienne de 19 ans portée à l’écran par Malou Khebizi. C’est une jeunesse bien particulière que choisit d’aborder le film, une jeunesse dans laquelle on rêve de devenir influenceuse et riche par le biais de la téléréalité. Mais c’est aussi et avant tout une jeunesse meurtrie qui a connu les familles d’accueil, les menaces d’expulsions et qui évolue dans un environnement pauvre les menant aux vols et à la prostitution.
Cette partie de la population est bien souvent la cible de moqueries et de mépris de classe, il paraît donc être une très bonne idée de la mettre en lumière. Pour autant, comme peuvent en témoigner les rires inopportuns provoqués lors de cette projection Cannoise, il semblerait que le film parvienne mal à faire passer son message. Ces rires sont arrivés à des moments qui ne les nécessitaient pas, au détour de dialogues anodins mettant en scène le langage et le lexique qu’utilisent Liane et ses amies au quotidien, mettant ainsi en exergue le mépris de classe présent dans la salle.
Comment expliquer ça ?
La faute peut-être à la caméra qui embrasse mal tout le contexte social que porte le personnage. Cette absence laisse au spectateur la liberté de juger sans contexte et sans complexe le style de vie et les caractéristiques qui font de Liane ce qu’elle est. Ce manque de maîtrise demeure jusqu’à la conclusion même du film, dans laquelle le destin de notre jeune femme semble s’axer dans le monde de la téléréalité, loin de sa famille et des emplois dits stables qu’on lui proposait.
Mais en pensant ça et en dénigrant à mon tour ce destin, je suis peut-être aussi coupable de mépris de classe ? Auquel cas ce manque de maîtrise n’en serait alors pas un…
Quoiqu’il en soit « Diamant Brut » est une belle proposition ayant le mérite de mettre en lumière l’existence de ces populations écartées. Nous ne pouvons que saluer cette prise de risque et encourager Agathe Riedinger.
La Note
6/10
