Megalopolis. L’idée même d’un nouveau projet du père Coppola mettait en émoi les cinéphiles depuis des mois. Premier film de son auteur depuis treize ans et tous les projecteurs se positionnaient sur une première cannoise. Mais après tant d’attentes, la ville promise est malheureusement loin d’avoir dépassée les simples fondations.
Disons-le clairement : Megalopolis est un véritable dédale dans lequel se perd le spectateur, et dans lequel semble surtout aussi y errer son créateur. A vouloir parler de tout, on a surtout l’impression que cela parle finalement de trop. Entre relecture de la mythologie grecquo-romaine, leçons de vies et d’espoir sur l’avenir et dialogues de philosophie de comptoir, la ballade en ville s’éternise et il semble difficile de saisir toutes les intentions de l’auteur. On y ressent pourtant quelques intentions louables, Coppola conscient de la mort du Nouvel Hollywood s’apprête à passer le flambeau et espère un avenir prospère dans la création pour les générations à venir.
La place de la création et du créateur est évidemment au centre du récit. Tout est à construire ou à reconstruire, et de la même façon que cela permet à Coppola d’essayer de porter un regard sur l’avenir et de se questionner sur la trace qu’il laissera dans le temps, cela lui permet surtout de réaliser son plus grand rêve. Seulement comme tous les rêves d’enfants, la réalité se révèle souvent différente. L’impression laissée est amère, le spectateur assiste presque impuissant à la représentation des images déjantées qui semblent cachées dans les tréfonds des songes du cinéaste. Mais peut-on vraiment en vouloir à un artiste en fin de carrière de vouloir réaliser son dernier grand projet ? Pas vraiment, si ce n’est que le rêve ressemble souvent à un sale caprice.
Par contre, on peut peut-être lui en vouloir d’entretenir de vieilles thématiques ignobles surtout au niveau du traitement des femmes dans son film. A la vue des rumeurs perverses et crasses qui sortent d’un tournage vraisemblablement laborieux, peut-être qu’il est effectivement temps que le vent tourne et que la cité s’éclaire de plus belle pour laisser la place à un nouveau monde neuf.