Servant, l’angoisse esthétique

Après avoir perdu son enfant, Dorothy Turner utilise une poupée à des fins thérapeutiques. La situation prend une tournure étrange lorsque celle-ci engage une nourrice pour s’occuper du bébé. Inquiet de la santé mentale de son épouse, Sean ne voit pas l’arrivée de cette étrangère d’un très bon œil. D’autant que le comportement de la jeune fille se révèle vite troublant. La nounou pourrait-elle devenir une menace ? Et les Turner auraient-ils des choses à cacher ? 


Une création de M. Night Shyamalan. Le réalisateur américain de la saga Incassable, Split et Glass mais aussi du très bon Le village, connu pour sa faculté à créer des ambiances sombres, apporte une série où sa patte se fait sentir. Qu’il s’agisse de l’aspect visuel, dont nous parlerons ensuite, ou de l’intrigue torturée, Night Shyamalan réussit le pari d’étirer son univers personnel dans le cadre d’une série en 3 saisons (au moment où j’écris). Rappelons qu’il en est le producteur et qu’il a réalisé 3 épisodes. Véritable pépite d’angoisse, Servant est sûrement aussi clivante que le cinéma de son créateur qui n’a eu de cesse de diviser entre ceux l’érigeant en génie et ceux faisant de lui un simple auteur de thriller fouillis.

Du stress oui mais avec beauté. La série se montre très inspirée en terme de mise en scène, en particulier dans les mouvements de caméra ou dans les choix de plans. L’ensemble peut sembler maniéré mais on ne tombe jamais dans le trop ou le ridicule de certains films ou séries à budget (Mort sur le Nil si tu m’entends, c’est à toi que je m’adresse). Mention spéciale à la photographie qui est d’une esthétique incroyable, tout est fabuleusement beau et bien mis en valeur. Les effets visuels, quant à eux, se font finalement plutôt rares, comme les moments réellement horrifiques d’ailleurs, pas de sang sur les murs dans cette série mais de la bonne vieille terreur psychologique.

Les éléments de l’angoisse. L’ambiance de cette série est assurée par l’esthétique dont nous avons parlé mais aussi par un scénario ou les moments de lumière se font rares. En trois saisons, Servant nous balade dans un univers fait d’incompréhension et de terreur, le tout orchestré par une nounou de 18 ans. N’espérez pas trop respirer car les quelques moments calmes ou la vie semble reprendre son rythme sont directement suivi d’une descente dans les abîmes. Le générique à lui seul est déjà un moment assez étrange, la musique qui l’accompagne est elle aussi assez troublante, tout comme la musique présente dans la série elle-même. Jamais vraiment au premier plan, les quelques notes de musique qui retentissent font toujours mouche en se jouant de nos peurs. Terminons ce paragraphe en parlant du casting qui est également une vraie réussite, en particulier Nell Tiger Free en Leanne terrifiante de beauté et de fragilité (supposée) et Rupert Grint (Ron dans la saga Harry Potter) qui est franchement magistral dans la série.

Une plateforme sous-cotée. Apple TV reste l’une des plateformes que l’on entends peu à côté des Netflix, Disney ou autres Prime, mais sincèrement quelle erreur de la négliger. Cette série comme toutes les œuvres présentes sur la plateforme jouissent d’un soin de production assez impressionnant. Tout est bien fait, par des artistes de renom, avec de gros budgets mais bizarrement je n’ai personnellement jamais été déçu. Là où Netflix nous noie parfois dans un trop plein de contenu, Apple est plus modeste en terme de nombre mais la qualité est bien présente et certaines séries m’ont réellement passionné. Pour n’en citer qu’une, Ted Lasso est un bijou de comédie qui vaut à elle seul les 4.99€ de l’abonnement. Je vous promets que je ne suis pas sponsorisé et que je n’ai même pas de produit Apple mais dans la pléthore de plateformes de streaming je pense qu’on néglige un peu trop le contenu qualitatif proposé au vu du prix.


La note :
9/10

Note : 9 sur 10.
Anthony Blandin
Anthony Blandin
Publications: 6