House of Gucci

House of Gucci est le dernier film en date de Ridley Scott, réalisateur notamment de « Gladiateur » ou de « Seul sur Mars » avec Matt Damon, et qui nous a déjà proposé « The Last duel » il y a à peine un mois. Programme donc plutôt riche pour Mr. Scott, qui semble bien décidé à faire parler de lui cette année après plus de 3 ans d’absence ( depuis « Alien convenant »). Alors, que vaut la dernière proposition du réalisateur ?

Synopsis : Ridley Scott nous plonge dans une période charnière pour la marque Gucci, pendant laquelle les différents conflits familiaux internes changeront définitivement le cours de son histoire.


Bienvenue chez Gucci. Dans ce long récit de 2H40 (rien que ça), le réalisateur souhaite nous plonger au cœur de la richissime famille Italienne Gucci, famille qui a fait naître la marque de luxe que nous connaissons tous. Nous serons ici témoins des relations entre les membres de la famille, qui vont se disputer la gestion de l’entreprise. Assez logiquement, le récit va être beaucoup porté vers la question de la gestion de la société, et notamment des conflits d’intérêts entre les protagonistes, qui ont tous une vision différente pour le précieux sésame. Vont alors se poser beaucoup de questions, et les enjeux seront principalement concentrés autour de l’argent, du pouvoir et de l’influence. « House of Gucci » est avant tout un récit familial, un film de relations entre les personnages, autour de l’univers Gucci.

C’est donc bien les personnages qui sont au centre du récit ; leur complexité, leurs nuances et l’évolution de leurs relations sont les principales sources d’intérêts du film. C’est d’ailleurs ce qui explique sa durée : le réalisateur veut à tout prix nous imprégner de l’ambiance qui règne dans la famille. Il y a beaucoup de personnages à présenter, et pour que nous les comprenions au mieux, l’histoire prend son temps. Le récit est subtile, volontairement, au détriment de l’action et de la folie, malgré des thématiques (pouvoir, argent, scandale, trahison) qui s’y prêtent bien. À ce titre, le film souffre selon moi d’une période un peu creuse au milieu, malgré les rebondissements. Ceux-ci sont peut être un peu prévisibles, ce qui rend l’histoire moins emballante, plus lisse. C’est d’ailleurs un premier reproche que l’on peut faire certains trouveront le film ennuyeux, et trop lent, ce qui peut se comprendre.

D’ailleurs, la réalisation en elle même est fidèle à cette volonté : elle est assez plate, sans beaucoup de relief ou d’originalité. Ridley Scott se concentre sur l’histoire, et pas sur sa mise en scène. Il priorise certainement la subtilité des personnages vis à vis de la technique pure. Toujours d’un point de vue technique, la froideur du récit est illustrée par sa photographie, qui présente des couleurs désaturées, et des images aux tons sombres. Ce choix peut être questionné : pour une histoire de pouvoir autour de la marque de luxe Gucci, plongée dans l’Italie des années 70, on aurait peut-être imaginé quelque chose de plus coloré, de plus envolé, mais ce n’est pas le cas ; quelque chose de plus chaleureux aurait certainement permis un meilleur investissement dans cette histoire de 2H40.

Mais, après avoir dit tout ça, il faut souligner que, de manière générale, le film est plutôt réussi. Le film est techniquement et esthétiquement beau. Cette photographie sombre reste magnifique et semble parfois reprendre l’esthétique de certaines publicités. L’ambiance est appuyée par de superbes décors, comme le lieu de l’anniversaire d’Alto, ou encore les passages dans les montagnes Suisses. Les costumes sont superbes et représentent bien le luxe. La grandeur de la marque est mise en avant, la qualité de ses produits et leur Aura également.

À noter que la Bande originale du film est également réussie et laisse en tête des thèmes plutôt marquants.

Et puis, même si on peut lui reprocher des longueurs, la véritable histoire de la famille Gucci reste intéressante, intrigante et pleine de rebondissements, plus ou moins attendus.

Enfin, il faut bien souligner que le gros point positif du film réside dans son casting : ce dernier est excellent. Il faut dire que l’inverse aurait posé problème tant l’intrigue se repose sur la complexité de ses personnages. Ainsi, la première partie du film sera consacrée à l’exposition des protagonistes. On nous présente subtilement leurs traits de caractère, leurs personnalités. En tant que spectateur, on prend un véritable plaisir à les analyser, à tenter de comprendre leurs ambitions, leurs qualités, mais aussi leur vices. Je dirais donc que l’atout principal de « House of Gucci » concerne les acteurs qu’il met en scène. Adam Driver livre (encore) une superbe prestation, avec un personnage que l’on va apprécier voir déployer ses ailes au fil du temps. Lady Gaga, dans un personnage parfois détestable est assez bluffant et confirme sa bonne prestation dans « A star is born ». Ces deux là seront d’ailleurs très certainement de sérieux concurrents pour les Oscars du Meilleur acteur et de la Meilleur actrice en mars prochain. Évidemment, nous nous devons de citer Al Pacino, totalement convaincant dans son rôle d’Alto Gucci, personnage riche à analyser. Les autres interprétations sont tout aussi réussies et on notera particulièrement la participation réussie de notre française Camille Cottin.


En conclusion, le film vaut le coup d’être vu. Il ne plaira certainement pas à tout le monde car c’est un film de 2h40, avec quelques longueurs, et dont l’histoire peut ennuyer. Toutefois, voir ces personnages hauts en couleurs évoluer au cour du récit reste extrêmement plaisant, surtout lorsque les acteurs qui les incarnent sont à ce point brillants. Enfin, si comme moi vous n’étiez pas familier avec l’histoire de la marque Gucci, ce film vous permettra d’apprendre tout un tas de choses croustillantes…

La Note
6/10

Note : 6 sur 10.

Baptiste Coelho
Baptiste Coelho
Articles: 16