Summertime est un film « musical » Américain sorti en France en 2021 et réalisé par Carlos Lopez Estrada.
Synopsis : Au cours d’une chaude journée d’été à Los Angeles, les vies de quelques jeunes individus s’entrecroisent au travers de leurs poèmes retraçant leurs questionnements respectifs.
Summertime est une oeuvre qui se situe entre la fiction et le documentaire, qui va suivre à tour de rôle des petites bribes de la vie d’habitants de Los Angeles, en se concentrant notamment sur quelques-unes de leurs problématiques de la vie de tous les jours.
Le projet est vendu comme un film de poètes car il est principalement axé sur le fait que chacun de ces individus vont raconter leurs problèmes et questionnements dans un texte à mi-chemin entre le rap à cappella et la poésie. Les thématiques abordées tournant principalement autour de questions sociales comme l’homophobie, le racisme, les problèmes d’argent, les relations familiales, amicales ou amoureuses, le film revêt une dimension très moderne et générationnelle.
Ce qui m’a surpris avant tout (mais qui m’a beaucoup plu) c’est que Summertime est original dans sa forme : il ne suit pas de trame scénaristique précise, ne met pas en scène un personnage principal et des personnages secondaires ; non, il entremêle les histoires et le parcours d’individus tous différents en passant de l’un à l’autre lorsque ces deux personnages vont se croiser au détour d’une rue par exemple. On va alors délaisser le premier pour passer au second.
Se met alors en place une sorte de grand théâtre à ciel ouvert où on se rend compte que derrière un simple passant qui était au second plan au début de la scène, se cache tout une histoire.
Le film va nous permettre de suivre ces différents individus, que ce soit des poètes, rappeurs, graffeurs, serveurs de fast food, babysitters, agents artistique ou bien psychologues. Enfaite, il ne va pas filmer réellement des artistes mais de simples individus avec leurs propres sensibilités artistiques. Finalement, le film s’attarde plus sur les problématiques des personnages que sur eux en tant qu’individus. En cela il va filmer davantage des âmes que des corps.
Chaque personnage raconte une histoire originale, un problème qui lui est propre, incarnée par un texte personnel et toujours très justement interprété, notamment car les personnes mises en scène ne sont autres que les écrivains des textes en question.
Les poètes s’incarnent eux-mêmes, conférant d’autant plus de puissance à leurs interprétations et donc à leurs histoires.
Justement ces textes (qui sont l’une des principales forces du film), vous plairont beaucoup si comme moi vous êtes amateur de rap, de diction, de punchline et de mots qui pèsent. Ces « poèmes » sont souvent très puissants, extrêmement bien écrits avec des mots choisis au millimètre, des rimes tranchantes et une diction parfaite. Ils sont aussi interprétés par des individus qui les vivent et ne les jouent pas, ce qui leur confèrent une portée plus grande.
On y retrouve le style de diction des raps contenders, et étant plutôt amateur de rap à l’ancienne, celui qui débite, cet aspect de l’oeuvre m’a beaucoup plu, sachant en plus que le film met en avant de vrais artistes qui ont pu exposer leur travail à travers ce long métrage.
En cela, le film est extrêmement naturaliste et se rapproche comme je l’ai dit plus haut du documentaire.
Et puis, c’est un film qui repose sur l’errance des personnages dans l’immensité de la ville. Le film se veut être une promenade entre différentes âmes errantes de Los Angeles, ce qui confère à la ville une importance particulière puisqu’elle est le théâtre de ces errances. Pour moi, cette ballade est d’autant plus belle qu’elle s’effectue dans l’une des villes qui me font le plus rêver au monde (comme beaucoup de fans de cinéma américain).
Le film travaille une véritable atmosphère réaliste pour la ville de LA. Si des films comme « La La Land » ou « Under the Silver Lake » en donne une vision plutôt romancée collant parfaitement à l’univers cinématographique, « Summertime » la filme sans artifices.
Les plans sont souvent très bien composés et nous permettent de voir les petits cafés un peu « arty bobos », les devantures de magasins colorées, les paysages de verdures asséchées, les restaurants et les chanteurs de rue, mais aussi de manière plus banale les panneaux de signalisation, les néons, les coins de rue un peu sales avec les poubelles qui traînent et des graffitis plus ou moins réussis.
Bref, le film fait office de cocktail de la ville de Los Angeles où on retrouve ce qui la caractérise visuellement, mais aussi intrinsèquement, puisque beaucoup de ses personnages incarnent aussi l’état d’esprit de la ville comme le personnage de cet influenceur que l’on découvre au début de notre promenade.
En somme, j’ai beaucoup aimé Summertime car il correspond à une forme de cinéma que j’aime, le cinéma simple qui s’attarde sur son environnement et sur la simplicité de ses personnages. C’est une forme de cinéma simple et sincère qui me parle, mais qui plaira peut-être moins à ceux qui recherchent du cinéma d’action très rythmé. Et si le film ne m’a pas particulièrement marqué pour son côté très social, il a su me charmer par sa musicalité, son environnement et sa simplicité.
Summertime est un cocktail de plein de petites choses qui m’ont plu. C’est un film musical, réaliste, touchant et original, que je vous encourage à découvrir si vous en avez l’occasion.