Lorsque la société a créé Yannick 

Yannick est le dernier film réalisé par Quentin Dupieux avec comme tête d’affiche Raphaël Quenard.

Synopsis : En pleine représentation de la pièce « Le Cocu », un très mauvais boulevard, Yannick se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main…


Et si un individu décidait pour une fois de se lever de son siège, et parler. On s’installe parfois dans des situations bien inconfortables, tout en restant enfermé dans un schéma sociétal qui consiste à ne pas trop empiéter sur l’intimité d’autrui et garder un certain statut social. En considérant que l’intimité démarre à un regard ou une parole. Alors on en dit peu, voir pas du tout concernant les sentiments qui nous traversent. Et dans ce cas précis c’est Yannick qui est embêté, car il n’aime pas la pièce qu’il regarde. Il est alors dépourvu de toute retenue ou gêne, et décide de se lever, en faisant part de son sentiment à la salle et surtout aux acteurs.

C’est avec un cynisme assuré que Dupieux, le réalisateur de Yannick, présente au monde son œuvre, reflétant une certaine condition humaine de seconde classe. 

Yannick est un garçon conventionnellement lambda, il est gardien de nuit et a posé un jour de congé pour aller voir une pièce de théâtre nommée « Le cocu ». Il a dû prendre le RER, ainsi que le métro, qui l’ont conduit après une bonne heure de route, à ce désastre à venir. 

Tout comme quelqu’un qui travaille beaucoup pour gagner sa vie, Yannick est rempli d’attente concernant sa soirée de off. Il veut se divertir et passer un bon moment, mais avant tout, il souhaite s’évader de sa vie le temps d’une représentation. « Le cocu » ne remplissant en rien ces caractéristiques, il décide d’interrompre la soirée pour reprendre en main cette dernière. 

Yannick prend le rôle du méchant, car il est armé du seul objet qui ne fait aucun doute pour imposer le respect, un pistolet. Il ajoute à cela un climat qui se rapproche à celui d’une prise d’otage. 

Nous comprenons au fur et à mesure qu’il n’en est rien. Yannick est un citoyen, c’est un homme simple et seul, qui souhaite apaiser la fatalité de son quotidien au travers de ses jours de repos. Une vie orchestrée par les moments de joies, ou plutôt de divertissements ponctuels.  Ce n’est pas un homme violent, du moins il ne l’est pas plus que les otages qu’il retient. 

Yannick est attachant, lorsqu’il discute avec les spectateurs, Yannick est attendrissant lorsque nous le regardons observer la pièce qu’il a créé avec grande émotion, Yannick est humain et il est surtout brillamment interprété par Raphaël Quenard. Ce dernier est excellent dans son rôle, peut être même au sommet de son art comptant ses rôles passés et à venir. 

Dupieux, en une heure de temps nous a fait rire, Dupieux nous a fait réfléchir. Il nous a poussé à aller voir la beauté là où on ne la pensait pas. Il est allé au bout de ses personnages, la boucle semble bouclée et le destin de nos personnages est lié. Le réalisateur de Yannick est sorti de son registre pour s’approprier le huis clos et rentrer dans une pure critique sociétal et, on ne peut qu’adorer ça. 


La Note

8/10

Note : 8 sur 10.
Charlotte Trivès
Charlotte Trivès
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