Judith Godrèche rime avec résilience, la résilience d’une blessure bercée par le patriarcat profond, le sexisme assumé d’une industrie corrompue par la culture du silence. Alors que Raphaël Quenard dort “comme un loir sur ses deux oreilles”, les femmes, elles, crient dans la rue dans l’espoir de marcher un jour, la nuit, sans se retourner.
« Moi aussi » demande la justice, que dis-je, il la prend.
Le court métrage de Judith Godrèche a été présenté en avant-première mondiale au cinéma de la plage, en présence de la réalisatrice et de l’équipe du film. L’équipe du film, au sens littéral du terme, car une centaine de victimes de VSS présentes au tournage, étaient là sur cette plage, poings en l’air et mains croisées, étouffées sur la bouche.
La fille de Judith Godrèche, Tess Barthélemy, incarne la parole étouffée et mouvante au cœur d’une horde d’âmes blessées. Alors que cette parole souffre d’exister, elle se débat, jusqu’à trouver la paix. Une paix tant recherchée, qui respire d’avoir trouvé l’écoute, la compassion, le calme.
« Ce court métrage est le vôtre, il vous appartient ». Que dire d’autre, que Merci Judith ? Merci pour ta parole, merci pour ton envie de la faire vivre et de faire vivre celle des autres femmes et hommes victimes. Enfin, le mot victime serait hors de propos, car, croyez-moi, ces femmes présentes sur la plage de la Croisette, hurlants les bras en l’air convoquants leur liberté, ne sont pas des victimes. Ce sont des battantes qui demandant justice à l’impensable.
Et si on reproche à « Moi aussi » l’absence totale de personnes racisées sur son affiche, on répondra tout d’abord à ses détracteurs de regarder le film, et ensuite de ne pas reposer leurs luttes sur les autres combattantes, car les combattantes sont là pour se soutenir entre elles, et il serait triste qu’il en soit autrement. Bien sûr, le combat pour la visibilité des personnes racisées dans les luttes VSS est primordiale. Mais il est bon aussi de rappeler que ce n’est pas un film à casting, mais bien un film qui répond aux participations volontaires et appels à témoignages de victimes d’agressions.
Car ce film vient embrasser tous les scénarios, celles qui parlent, celles qui se taisent, celles qui partent en vendetta et celles qui préfèrent oublier, merci Judith.