Princesse Mononoké (Mononoke Hime), est un film d’animation historique japonais réalisé par Hayao Miyazaki, sorti le 12 juillet 1997 par le studio Ghibli.
Synopsis : Au XVe siècle, durant l’ère Muromachi, la forêt japonaise, jadis protégée par des animaux géants, se dépeuple à cause de l’homme. Un sanglier transformé en démon dévastateur en sort et attaque le village d’Ashitaka, futur chef du clan Emishi. Touché par le sanglier qu’il a tué, celui-ci est forcé de partir à la recherche du dieu Cerf pour lever la malédiction qui lui gangrène le bras.
Princesse Mononoké est une œuvre particulièrement forte qui aborde des thématiques puissantes telles que la guerre, l’écologie, la colonisation, le féminisme, le sacrifice et l’amour. L’œuvre est dotée de plans violents car ils portent une histoire remplie de guerre. La beauté des plans se trouve dans l’esthétique et l’animation époustouflante de l’œuvre, et plus particulièrement dans cette violence qui regorge de symboliques thématiques comme l’amour et la compassion. Dans cette compassion on retrouve également une manière de gérer la haine, une lucidité, notamment dans le personnage principal. Ce film illustre avec neutralité des problèmes sociétaux notamment en rapport avec l’écosystème.
LA MUSIQUE
En plus d’avoir un doublage poignant en version originale ainsi qu’en version française, les musiques composées par Joe Hisaishi sont émouvantes, mélodieuses et parfaitement en harmonie avec l’ensemble de la réalisation du film. Cette musique douce et poétique nous accompagne et nous porte lorsque l’on regarde les scènes, souvent dramatiques du film. Le silence récurrent est utilisé avec maîtrise, certaines scènes d’une importance capitale sont accompagnées d’un silence profond qui renforce l’impact de la scène. Ce silence parfois ponctué de bruitages issus de la nature par exemple invite le spectateur dans un monde nouveau.
LES PERSONNAGES
L’antagoniste de cette histoire est une jeune femme cheffe du village d’humains, voisin de la forêt. Dame Eboshi est une femme forte, intelligente et belle qui incarne l’humain. Son objectif est de détruire la forêt afin d’en extraire le minerai. Sa soif d’argent et sa peur envers l’inconnu qu’est la forêt lui ôtent toute éthique envers celle-ci et massacre les êtres vivants sur son passage. Ennemie de celle qu’elle appelle Princesse Mononoké, elle lui voue une haine et la déshumanise. Cependant, le dialecte d’Eboshi, sa douceur et sa compassion font d’elle un personnage tout de même apprécié. Eboshi recueille les femmes et les lépreux, qui sont délaissés des autres. C’est la figure féminine des humains dans ce film. Son grand cœur, sa loyauté et sa compassion sont les points qu’elle a en commun avec Ashitaka et San (Mononoké), ainsi que les aspects que Miyazaki a souhaité mettre en avant.
Nous allons désormais argumenter sur l’icône de cette œuvre qui n’est personne d’autre que San, appelée la Princesse Mononoké par les humains. C’est une jeune femme issue de la nature. Ayant été élevée par des loups, elle se considère elle même comme une louve et voue une haine sans nom envers tous les humains excepté Ashitaka après un certain temps. Toute sa vie se résume à voir la forêt disparaître petit à petit, sa haine envers l’Homme est légitime. Elle mène un quotidien de guerre et sa haine ne fait que s’amplifier. Plus idéaliste encore que Dame Eboshi, San rêve d’un monde sans humain. Sa rencontre avec Ashitaka révèle en elle l’humanité qu’elle avait refoulée toute sa vie, elle s’était privée de toute émotion et de tout désir humain qu’elle pouvait ressentir, hormis son envie d’éradiquer le peuple humain qui est un reflet de son éducation “animale”. Elle pourrait se sacrifier pour obtenir son idéal, jusqu’au choc émotionnel le plus puissant de sa vie: quand Ashitaka lui dit qu’il la trouve jolie. San, en plus d’être un modèle, est la personnification de la dévotion et de la loyauté.
Pour terminer nous allons nous attarder sur le personnage de Ashitaka, qui est certainement le personnage avec l’évolution la plus complète puisque c’est son voyage que nous suivons du début à la fin. Ashitaka est un guerrier victime d’une malédiction dont il a été frappé en protégeant ses proches. Tout au long de l’histoire, il fait preuve d’un sang-froid, d’une constante remise en question sur lui-même, d’une maîtrise de sa colère et d’une lucidité qui lui ont été conseillés par une seule et unique personne : la chaman de son village natal et sa phrase “Porte sur le monde un regard sans haine”. C’est sur cette unique phrase que le personnage d’Ashitaka se construit. Condamné à mourir, sa sagesse lui a permis de trouver le remède à la malédiction qui le ronge. Ashitaka se retrouve face à deux monde opposés qu’il ne connaît pas. Il tisse des liens avec les membres de chaque clan. Il se sent plus apaisé dans la forêt, de plus il tombe très vite amoureux de San. Après s’être rendu compte que ni Eboshi ni San ne peuvent tourner le dos à ses principes il essaye de trouver un compromis. Ashitaka est à la fois la part humaine de San et la part de paix de Eboshi. Sa relation avec San est plus qu’émouvante et l’attachement qu’ils ont l’un envers l’autre malgré leur différence fait un pincement au cœur.
Princesse Mononoké est splendide sur tous les aspects, sa mélancolie vous est source d’une grande émotion. Il y a énormément d’autres notions à aborder mais afin de respecter le mystère installé par le réalisateur, nous vous conseillons plutôt de le regarder ou de le regarder à nouveau.