Spider-Man: No Way Home

Spider-Man: No Way Home est un film d’action super-héroïque américain réalisé par Jon Watts sorti en 2021 avec Tom Holland, Zendaya et Benedict Cumberbatch.

Synopsis : Pour la première fois dans son histoire cinématographique, Spider-Man, le héros sympa du quartier est démasqué et ne peut désormais plus séparer sa vie normale de ses lourdes responsabilités de super-héros. Quand il demande de l’aide à Doctor Strange, les enjeux deviennent encore plus dangereux, le forçant à découvrir ce qu’être Spider-Man signifie véritablement.


Dernier volet du reboot de la saga débutée en 2017 par Jon Watts (à la tête des trois nouveaux films de la franchise), No Way Home devait marquer le point culminant de cette trilogie de l’homme araignée tout en ayant la lourde tâche d’ouvrir pleinement la fameuse notion de multivers pour la phase 4 du MCU et poursuivre ce qui avait été aperçu dans les séries Wandavision et Loki. Devait, car comme vous pourrez le voir dans mes écrits à la suite de cet article, « déception et gâchis » sont les mots qui me reviennent sans cesse quand je repense à ce film, et encore, ces mots sont bien faibles quant à mon véritable ressenti.

Le début du film reprend quelques instants après Spider-Man: Far From Home ou Mysterio avait dévoilé au monde entier la véritable identité de Spider-Man. Les premières minutes de No Way Home sont intéressantes, avec un Peter Parker (Tom Holland) faisant face aux conséquences et essayant de mener de front cette double identité désormais révélée au grand jour et qui l’impactera lui, sa famille et ses amis. « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Celles-ci prendront une autre dimension, une tout autre tournure pour notre héros puisque comment faire face à la pression médiatique une fois son identité révélée, comment répondre de ses actes devant la justice et essayer de protéger son entourage, victime collatérale de son activité super-héroïque ? Des thématiques importantes et intéressantes qu’il aurait été judicieux de développer davantage. Malheureusement, le film élude assez vite ce sujet pour se concentrer sur un Peter Parker qui – dans une tentative de la dernière chance – va chercher à gommer cette nouvelle réalité à laquelle il fait face en contactant notre bon vieux Sorcier suprême, j’ai nommé le docteur Stephen Strange, avec toutes les conséquences que cela pourra impliquer. Une tentative infructueuse qui va ramener dans leur monde des ennemis venus d’univers différents et qui ont pour point commun de tous connaître Peter Parker…

À partir de là, le film tombe rapidement dans un faux rythme assez platonique ponctué de quelques moments d’humour (des blagues bien lourdes qui occasionneront une certaine gêne) et que ne saura bousculer qu’un événement important, impactant pour notre jeune héros et qui va le conditionner pour la suite du film et de ses aventures.

Contrairement aux super-vilains – dont l’identité ne relève plus du mystère après les nombreux trailers et affiches dévoilés puisqu’il s’agit du Docteur Octopus, le Bouffon Vert, Electro, Le Lézard et L’homme-sable – qui ont vu leur arrivée à l’écran être assez bien amenée (bien qu’étant un peu trop redondante dans le déroulé et ayant lieu dans une période de temps assez voire trop restreinte), celle de ceux dont les nombreuses rumeurs ont tué dans l’œuf l’éventuel effet de surprise (et dont mon collègue Anthony Blandin a parfaitement apporté la lumière pour le film Albatros sur les dangers des ‘spoils’ qui peuvent détruire une œuvre) – est assez bancale pour ne pas dire catastrophique dans l’exécution car elle est le fruit d’un ‘accident’ provoqué par un adolescent faisant joujou avec un élément magique qu’il ne maîtrise pas.

S’ensuit un dernier acte qui viendra conclure l’œuvre entamée par Jon Watts et qui servira de fil conducteur pour les prochains films du MCU et notamment ceux de Spider-Man car une nouvelle trilogie devrait voir le jour toujours avec Tom Holland au casting. D’ailleurs, les derniers instants de No Way Home sont intéressants. Cette volonté de sacrifice de la part de Peter Parker, ce retour aux origines est une très bonne idée car les derniers films se sont trop éloignés de ce qui faisait et fait le succès des aventures de l’homme-araignée et annonce un avenir meilleur pour Spider-Man si Disney/Sony apprennent de leurs erreurs.

C’est toujours un plaisir de revoir les super-vilains qui ont marqué notre enfance mais leur prestation d’acteur frise pour certain le ridicule sans compter un manque de cohérence dans le traitement des personnages. Si Willem Dafoe parvient à sauver l’honneur (bien qu’il soit moins bien écrit que dans le premier film Spider-Man réalisé par Sam Raimi), on ne peut pas en dire la même chose pour les autres protagonistes. Alfred Molina (Docteur Octopus) cabotine et voit son personnage être tourné au ridicule et à des années lumières de sa précédente version. Jamie Foxx (Electro) nous fait du Jamie Foxx, Rhys Ifans (Le Lézard) fait son travail sans trop performer et Thomas Haden Church (L’Homme-sable) brille par son absence (sur le tournage et dans le film). Ce manque de cohérence se ressent aussi pour Docteur Strange (Benedict Cumberbatch) dont on a l’impression d’avoir un tout autre personnage par rapport à celui dépeint lors des films précédents.

Jon Watts avait de l’or entre les mains, mais il a malheureusement tout gâché. Son manque de maîtrise au niveau de la réalisation, de la mise en scène, se ressent tout au long du film. Les balancements de Spider-Man apparaissent quelconques et manquent de panache et d’inventivité. La tension n’est jamais réellement présente tout au long des 2h30 que compose le film. Et en comparant rien qu’aux deux volets de « The Amazing Spider-Man » (je n’ose même pas le faire avec la merveilleuse trilogie de Sam Raimi), le malaise apparaît grandissant tant Marc Webb avait su rendre hommage à l’homme-araignée au travers de plans inventifs appuyés par une somptueuse photographie et qui avait finalement tout compris à l’histoire de Peter Parker, sa double identité et sa relation avec Mary Jane.

Le film se manque aussi dans ses différentes scènes d’actions. Si celle opposant Docteur Strange à Spider-Man est de bonne facture, les autres manque terriblement de mordant, d’inventivité, de visibilité et de qualité dans la mise en scène. Elles sont surtout entachées par des effets spéciaux lamentables pour un tel budget qui viennent souligner ce manque de visibilité notamment dans la dernière bataille de nuit ou il apparait assez difficile de différencier les protagonistes prenant part à cette fameuse scène. Ne parlons même pas des incohérences et des facilités scénaristiques qui jalonnent le film. Vous risqueriez de tomber de votre chaise. On pense avant tout à votre santé !


No Way Home reste malgré tout un film sympathique. Tom Holland et notamment Zendaya apparaissent impliqués et concernés et leur alchimie fonctionne toujours aussi bien à l’écran. C’est un film qui permet de déconnecter dans le contexte actuel et on peut cependant prendre du plaisir à le regarder surtout avec le retour des visages familiers appartenant aux autres univers Spider-Man. Mais c’est léger, trop léger. Il est tout de même regrettable de constater que le multivers sur lequel se reposera toute la Phase 4 du MCU soit le résultat d’un caprice d’adolescent et entraînera des conséquences désastreuses. On peut passer un bon moment si on ne le regarde pas de trop près, mais il est bien en deçà des attentes (notamment des miennes) qu’il pouvait susciter au moment de l’annonce du projet et des différents trailers sortis en amont. Il poursuit cette fâcheuse tendance des dernières années, celle de ne proposer un film qui ne repose que sur une notion bien comprise par Disney, Warner et consort : le fan service. Le succès au box-office est immense, et tant que ce sera toujours le cas, les studios continueront de ne pas se prendre la tête et proposeront des blockbusters interchangeables avec quelques idées accrocheuses bien appuyées par une stratégie marketing terrifiante d’efficacité. Et ils auraient raison. À vrai dire, pourquoi changer quelque chose qui marche ?


La Note
4/10

Note : 4 sur 10.
Jérémy Denis
Jérémy Denis
Articles: 15