Emilia Perez : Thelma sans Louise

Après quelques jours de festival, il aura fallu attendre que Jacques Audiard vienne enflammer la compétition cannoise avec Emilia Perez pour la réveiller. Adapté du roman Ecoute de Boris Razon, le cinéaste français change une nouvelle fois de registre. Il propose avec candeur une comédie musicale à la fois ouvertement queer et assumée — pour notre plus grand plaisir — et un film de cartel poignant. Si le film pourra peut-être déconcerter sur certains effets de mise en scène — notamment les rares splits-screens — il n’en reste pas moins qu’Audiard transforme ce qui, sur le papier, avait tout pour se casser la figure en pirouette athlétique.

Cette histoire originale d’un chef de cartel qui souhaite laisser cette vie derrière lui, en arrêtant de se cacher, afin de devenir la femme qu’elle a toujours été ne marcherait peut-être pas autant sans la fabuleuse interprétation de son casting. Selena Gomez est parfaite, elle qui, de plus est, est déjà adaptée au chant et livre de belles prestations sans voler la vedette au reste du casting. Zoe Saldana dévoile une palette de jeu encore inconnue jusqu’à présent et c’est probablement le meilleur lancement de grande carrière que Karla Sofía Gascón pouvait se donner.

C’est d’autant plus exaltant que l’énergie du film ne s’épuise jamais. Emilia Perez a la rage de vivre, de retrouver sa vie et sa raison d’être. Ce sont d’abord ces enfants, avec lesquels ont d’ailleurs lieu des scènes musicales charmantes et chargées en émotions. C’est ensuite son identité et sa vie de femme qu’elle cherche à acquérir. Une quête d’émancipation incarnée avec ardeur dans laquelle se glissent des scènes musicales entrainantes. La direction prise par Audiard étonne et cherche à livrer un véritable spectacle dans lequel on embarque bien volontiers tant il ne freine jamais ses idées. Pur trip sans détours très galvanisant.

La Note

9/10

Note : 9 sur 10.
Tristan Misiewicz
Tristan Misiewicz
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