En salle au mois de Novembre : Amsterdam, Armageddon Time et Mascarade

En ce début novembre, trois films sortis en salles ont particulièrement retenu mon attention. Alors, pour changer un peu de format, pourquoi ne pas revenir rapidement sur mon expérience en vous donnant un avis rapide sur ces films. 

Dans l’ordre ; on va revenir sur Amsterdam, proposition de David. O. Russel accueillie (très) tièdement outre manche ; Armageddon Time, retour sur terre de James Gray après Ad Astra (2019) ; et sur Mascarade, nouvelle création de notre prodigieux Nicolas Bedos national.  

Je n’ai pas été conquis par ces trois propositions. On va commencer par le « moins bon », pour finir avec le meilleur, comme le veut la coutume. 


Amsterdam ;

Amsterdam est le nouveau film de David O. Russel, dont je connais que très peu le cinéma, je dois l’avouer. Ce qui m’a tiré en salle ici c’est plutôt le casting cinq (voire dix) étoiles du film. Porté par Christian Bale, John David Washington et Margot Robbie, il met aussi en scène, entre autre, Rami Malek, Robert de Niro, Zoe Saldana, et même Taylor Swift. 
Malheureusement, la qualité du casting et des prestations restera pour moi le seul intérêt du film. 

L’intrigue semble inspirée d’une histoire vraie ; elle se base aux États-Unis, dans l’entre-deux-guerres, dans un contexte politique qui semble devenir chaotique à mesure que la Seconde Guerre mondiale se prépare. Entrecoupé de retours dans le temps (notamment pendant la Première Guerre mondiale), nous allons suivre notre trio principal, lié par un pacte d’amitié passé à Amsterdam, qui vont se retrouver, malgré eux, mêlé à des mystérieuses histoires de meurtres.

Je n’ai jamais vraiment réussi à rentrer dans le film, notamment à cause de cette histoire, à la fois bordélique, prévisible, et assez inintéressante. Surtout qu’elle ne démarre jamais vraiment. Il y a 1h45 de film qui servent de phase d’exposition, dans laquelle l’histoire n’avance que très peu, pour finir avec un dénouement sans aucune saveur. 
J’ai vraiment l’impression que cette histoire était un prétexte pour mettre en scène ces acteurs dans un univers un peu décalé, et que c’est là que le réalisateur prend du plaisir. 
C’est certainement cela qui a valu au film un accueil critique très froid. Et c’est dommage parce qu’il a du potentiel. 

La direction artistique du film qui est plutôt réussie : on est sur une comédie assez stylisée, avec un montage dynamique au service du comique. 
Il arrive à créer une esthétique artificiellement rétro avec des teintes jaunâtres assez jolies, et des costumes et décors assez réussis aussi. 

Comme je l’ai dit, le film est une comédie, et le jeu des acteurs en témoigne. À l’image de Christian Bale, ils sont souvent dans l’exagération, lui particulièrement avec beaucoup de grimaces. Pareil pour le personnage de Margot Robbie, un peu excessif et caricatural, mais au service de l’esprit du film. 

En somme, je ne pourrai pas dire que j’ai passé un mauvais moment, mais force est de constater qu’il manque quelque chose pour entrer pleinement dans cette histoire. Soit elle manque d’intérêt, soit elle n’est pas bien portée à l’écran. Dommage quand on voit que ce qui l’entoure est plutôt intéressant. 


Armageddon Time ;

Là encore, je vais vous parler d’un cinéaste que je ne connais pas beaucoup (décidément). Ce que je sais, c’est que Ad Astra m’avait profondément ennuyé, mais c’est surtout dû au fait que je n’apprécie jamais vraiment les films dans l’espace. 
Je me suis moins ennuyé devant Armageddon Time, même si je ne lui ai pas trouvé grand chose de particulier. 

Cette histoire semble plus personnelle pour James Gray, et si j’ai bien compris, il raconte une partie de son enfance à travers le passage à l’âge adulte d’un jeune garçon issu d’une famille juive, dans le Queens des années 80. 

Le film est assez posé, sans beaucoup d’action ou de rebondissements. Il est beaucoup plus subtile, axé sur les émotions, presque poétique. Ce n’est pas une mauvaise chose, loin de là, et le film rencontre énormément de succès ce qui démontre certainement sa grande qualité. 

Mais, ça n’a pas eu d’effets sur moi. Déjà, parce qu’il ne m’a pas marqué dans sa forme ; la photo est assez sombre et ne me plaît pas particulièrement, je n’ai retenu aucune musique de la bande originale, et la reconstitution du New York des années 80 n’est pas notable non plus. 
Mais, cela vient principalement du fait que je n’ai jamais réussi à m’attacher aux personnages, notamment au garçon que nous allons suivre (Paul Graff). Je le trouve assez odieux dès le début du film, que ce soit avec son professeur, ou même avec ses parents et sa famille. J’ai l’impression de voir un enfant gâté pas reconnaissant (ce qui peut se concevoir à cet âge là, certes), ce qui m’empêche d’entrer en empathie. J’ai le même problème avec son copain de classe, qui est encore plus violent avec son professeur, pour qui en revanche j’ai de la peine. 
C’est pour ça que j’ai compris pourquoi le professeur était sévère avec ces deux élèves, pourquoi les parents de Paul ne voulaient plus qu’il fréquente son camarade, pourquoi il est envoyé dans une école privée.

Voilà pourquoi je n’ai pas trouvé révoltant ce que le film voulait que je trouve révoltant. Sachant que ces deux enfants ne font pas que des « petites bêtises », c’est quand même un peu plus que ça. 

Mais ça, ça n’est qu’une partie du film. J’ai l’impression que le centre du récit c’est ce climat de discriminations qui règnent aux USA à cette époque et que James Gray essaie de décrire. On a d’une part les discriminations vécues par la famille juive de Paul et racontées par son grand-père (Anthony Hopkins), et d’autre part, la discrimination envers les afro-américains incarnée par Johnny, le camarade de classe de Paul. 
Mais pour moi, il n’y a qu’un seul moment du film qui met vraiment en avant cette problématique. C’est évoqué tout le long du film, mais pas assez frontal. 

Globalement, j’ai eu l’impression de voir James Gray me raconter son enfance à lui, et j’imagine que tout ce qu’il évoque lui rappel des souvenirs précieux, mais moi ça ne m’évoque rien, donc je reste dehors. Je n’ai pas de problème avec les films personnels de réalisateurs ; j’ai adoré Licorice Pizza parce que Paul Thomas Anderson arrive dans ce film à la fois à mettre en scène quelque chose qui lui est personnel, tout en rendant le récit intéressant pour le spectateur. Pour Armageddon Time, j’ai la même sensation que devant Belfast (Kenneth Branagh, 2021), je ne me sens pas concerné. 

Il y a beaucoup d’autres choses dans le film, j’ai juste évoqué les deux points principaux pour moi. Là encore, je n’ai pas passé un mauvais moment, mais quand je vois les retours qui parlent d’un chef-d’œuvre et d’émotions très fortes, je dois dire que ça n’a pas été le cas pour moi. Le film repose principalement sur les dilemmes intérieurs de ce garçon, qui essaie de grandir et de se construire, mais dont je ne saisit ni les choix, ni les enjeux. 
Ce manque d’attache dans un film aussi doux, axé sur les émotions, m’a forcément fait passer à côté. 


Mascarade ;

Certainement celui que j’attendais le plus, tant j’avais aimé les deux premiers films de Bedos, Mr et Mme Adelman (2017) et La Belle époque (2019). J’étais aussi très content de le voir retourner dans son univers à lui après un passage dans la franchise OSS 117 (OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire,2021). 

Et c’est une réussite absolue. 

J’aurais envie de vous résumer un peu l’histoire, mais franchement, ça serait presque une erreur. Il fait partie de ces films qui méritent plus que les autres d’êtres découverts « à l’aveugle ». Honnêtement, c’est quelque chose que je fais de plus en plus, aller au cinéma sans bande annonce ni résumé, et le plaisir est décuplé. 
Toujours est-il que, pour ceux qui veulent, le film raconte l’histoire d’Adrien et Margot, deux amants prêts à monter une gigantesque mascarade pour profiter de la vie de rêve sur la Côte d’Azur. Je n’en dirai pas plus. 

C’est vrai que si vous y allez sans informations, la mise en place est un peu délicate ; les quinze premières minutes du film ne sont pas très claires, il y a beaucoup de personnages, les relations entre eux ne sont pas évidentes à saisir, et les quelques sauts dans le temps ne facilitent pas la compréhension de l’ensemble. Mais passé cette introduction, lorsque le récit est lancé, ça devient magnifique. 

On retrouve la virtuosité de Bedos et son talent pour créer des histoires, qu’il avait déjà montré dans La Belle époque. Il arrive à imaginer des histoires complexes et originales, mais ne se prend pas les pieds dans le tapis pour autant. Dans La Belle époque, il met en place cette histoire où les acteurs sont eux-mêmes des acteurs, où les décors sont des décors dans le film. Dans Mascarade, les personnages sont aussi des acteurs, mais on ne sait pas toujours nous-même avec qui ils jouent, on ne sait jamais vraiment ce qui est vrai ou faux. Et pour autant, à chaque fois, la richesse de l’histoire n’empêche pas la création d’émotions fortes. Ces histoires servent toujours les thématiques du temps, de la nostalgie, de la passion et de l’amour qui semblent chères à Nicolas Bedos, et qui me sont chères aussi. 

Ces belles histoires sont toujours sublimées par une grande ambition de cinéma ; Bedos est pour moi un des réalisateurs français qui propose le cinéma le plus qualitatif, mais aussi le plus ambitieux. C’est le cas dans Mascarade où j’ai l’impression de le voir danser avec la caméra, se balader dans des décors sublimes, avec une photo sublime. 
Le film se déroule à Nice, sur la Côte d’Azur, lieu du paraître et du faux par excellence, dans un film où les apparences sont le coeur du sujet. 

Enfin, les acteurs sont dirigés à la perfection (en plus d’être de grands acteurs) et alimentés par des dialogues/répliques parfaits (« Il est où cette pute » ; simple mais très efficace).  

Comme d’habitude, j’ai l’impression de voir quelque chose de grandiose, maîtrisé, créatif et ambitieux. Sans doute le meilleur moment que j’ai passé au cinéma cette année. 
Forcément, je vous conseille de foncer aller le voir, comme je vous conseille simplement de regarder ses deux premiers films (Mr et Mme Adelman et La Belle époque).


En conclusion, il y a de quoi se déplacer au cinéma en ce début de mois. Il y a aussi Couleurs de l’incendie (réalisé par Clovis Cornillac), adaptation de la suite d’Au revoir là-haut, mais aussi le nouveau Black Panther (réalisé par Ryan Coogler).
La fin d’année s’annonce aussi très belle avec pas mal de film très intéressants à l’affiche.


Baptiste Coelho
Baptiste Coelho
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