Je verrai toujours vos visages

Je verrai toujours vos visages est un film dramatique réalisé par Jeanne Herry sorti le 29 mars 2023 avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah et Leila Bekhti.

Synopsis : Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel.

Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative.

Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…


Après son très bon film Pupille, Jeanne Herry nous revient cette fois-ci avec une histoire s’intéressant à la Justice Restaurative. Ce programme instauré en 2014 a pour but d’établir un dialogue entre auteurs et victimes d’infractions pénales. Il permet d’une part suite à une démarche volontaire des deux parties, une prise de conscience des répercussions d’une infraction de la part des personnes incarcérées et d’autre part à favoriser la réparation et la reconstruction des victimes. Le tout dans un cadre sécurisé et encadré par des professionnels.

Jeanne Herry choisi d’intégrer son récit dans deux univers cloisonnés afin de montrer les divers fonctionnements de ce programme de Justice Restaurative. Tout d’abord, la réalisatrice nous amène dans une prison dans le but de nous montrer l’animation d’un cercle de parole composé de trois hommes condamnés pour vols avec violence (Dali Benssalah, Birane Ba et Fred Testot dans un rôle à contre-emploi qui lui sied à merveille) et trois victimes de ces actes à fleur de peau (Gilles Lellouche, Miou-Miou et Leïla Bekhti). De l’autre côté des murs, il y a Chloé (bouleversante Adèle Exarchopoulos) qui voit son grand frère – qui l’a violée durant son enfance – revenir dans sa ville après avoir purgé sa peine. Se sentant oppressée dans une « prison » à ciel ouvert, elle exige de débuter avec l’aide de Judith (Élodie Bouchez) une procédure de médiation avec son frère pour s’accorder sur un planning de vie spécifique afin que les deux ne viennent plus jamais à se recroiser.

Ce qui est intéressant avec la Justice Restaurative, c’est que les victimes font face à leur bourreau, à celui qui aurait pu être à l’origine de leur agression. En découle un face à face empreint de tension ou les victimes veulent des explications, des réponses sur ce qu’elles ont pu vivre. Pourquoi des individus lambda sont amenés à commettre ce genre de délits ? Sont-ils conscients qu’une agression de seulement quelques minutes – que les malfaiteurs oublieront aussitôt – entraînera des répercussions à vie sur les victimes qui pour la plupart ne parviendront pas à aller de l’avant ? Ce sentiment de malaise et cette tension sont très bien retranscrits par la très bonne mise en scène et direction d’acteurs de Jeanne Herry. Déjà à l’aise dans cet exercice pour Pupille, la réalisatrice nous montre encore une fois son talent pour saisir l’humanité qui sommeille en chacun de nous, bien aidé il est vrai par un casting impressionnant de justesse et d’authenticité.

Je verrai toujours vos visages est un film puissant de par son sujet, et son réalisme. Les émotions débordent de l’écran et de vos paupières. Chaque membre ressortira grandi de cette utilisation de la parole comme pansement, que ce soit les victimes – dont leur équilibre mental ne tient plus qu’à un fil – qui auront enfin des réponses et des agresseurs qui prendront enfin conscience de la portée de leurs actes. Les deux parties ont finalement le même objectif : réintégrer la société de la meilleure des manières et pouvoir aller de l’avant.

Malheureusement, si on peut émettre un petit bémol qui empêche le film d’être une pleine et franche réussite, c’est que la réalisatrice aborde deux sujets très chronophages. L’histoire et le témoignage de Chloé est aussi touchant que nécessaire, mais Jeanne Herry lui accorde un peu trop son attention. La partie se déroulant en prison est donc un peu trop bâclée et ne parvient pas à être exploitée à son plein potentiel. En résulte un goût doux-amer en bouche avec cette fin “joyeuse” qui arrive un peu trop comme un cheveu sur la soupe.


La Note :
7/10

Note : 7 sur 10.
Jérémy Denis
Jérémy Denis
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