Novembre est un film français sortie en 2022, réalisé par Cédric Jimenez, avec notamment au casting Jean Dujardin, Anaïs Demoustier et Jérémie Renier.
Synopsis : Le film suit Fred, flic au sein de la sous-direction antiterroriste en charge de retrouver les fugitifs les plus recherchés de France. En effet, la France vient d’être frappé par une série d’attaques faisant 130 morts et 350 blessés, les attentats du 13 novembre 2015.
Novembre est donc le nouveau film de Cédric Jimenez, bien connu pour son dernier film, Bac Nord, qui avait beaucoup fait parler à l’époque de sa sortie. Avec ce dernier, il s’attaquait déjà à un sujet d’actualité et assez compliqué à traiter. Cette fois-ci, il a mis la barre encore plus haute puisqu’il décide de revenir sur l’une des pages les plus sombres de notre histoire récente, les attentats terroristes qui ont frappé Paris le soir du 13 novembre 2015.
À titre personnel, les divers attentats que nous avons connus, dont celui-ci évidemment, on eut un fort impact sur moi, et ont grandement influé sur le choix de mes études. Forcément, j’attendais beaucoup ce film. Pas nécessairement pour un plaisir cinématographique pur, mais pour voir comment un auteur allait traiter ce sujet encore très récent dans la mémoire collective, et dont le procès vient à peine de s’ouvrir, témoin du fait que la plaie est encore loin d’être refermée. C’est donc aussi ce qui me faisait un peu peur : et si le film était malvenu ?
Je dois avouer que ce sentiment s’est confirmé sur les premières minutes du film, au moment où nos personnages, des agents en charge des services antiterroriste et des renseignements, sont informés des attaques en cours dans Paris. Je dois dire que c’est assez étrange de voir ces acteurs prononcer le nom des rues dans lesquelles se sont déroulés les faits, de parler du Bataclan et du bilan de victime, en sachant que ces chiffres ne sont pas prononcés en l’air et sont bien réels. C’est sûrement pour ça que j’ai d’abord trouvé les acteurs (surtout Jean Dujardin et Sandrine Kiberlain) très à côté. Peut-être aussi que la manière dont le réalisateur filme à ce moment là n’était pas assez fine, peut-être même que je n’aurais tout simplement pas voulu voir ça à l’écran.
Ainsi, les 15 premières ont été assez compliquées. Mais, naturellement, ce sentiment s’est petit à petit estompé, certainement aussi parce que je me suis laissé emporter par l’histoire, sans toujours ramener ce que je voyais à la réalité des évènements mis en scène.
Précisément, le film s’emballe quand on entre dans l’enquête. Parce que Novembre est avant tout un film d’enquête, qui revient non pas sur les attaques en elles-même, mais sur la traque des terroristes par les services de Police français. Aucune image des attaques n’est montrée, aucune image choquante. Le film se concentre sur la partie que nous n’avons pas vue aux informations, à savoir, les différentes étapes qui ont, en 5 jours seulement, permis aux autorités de mettre la main sur les responsables des attentats.
D’ailleurs, si vous voulez voir un documentaire qui revient sur les attaques telles qu’elles ont été vécues par les victimes elles-même, il vous suffit de taper Fluctuat Nec Mergitur dans la barre de recherche Netflix. Là aussi, ça vaut largement le détour.
Pour en revenir à notre film, il se divise en quelque sorte en trois parties, suivant naturellement les trois étapes de l’enquête. C’est là qu’il devient vraiment palpitant, poignant ; lorsqu’il entre dans le vif de son sujet.
Après le choc des attaques, la brigade de Fred doit dans un premier temps, alors que le pays ne réalise même pas encore ce qu’il vient de se passer, identifier les auteurs des attaques, notamment grâce aux caméras de surveillance des métros, des rues, et des papiers d’identité retrouvés dans les voitures des assaillants. Cette partie prend beaucoup de temps dans le film, il y a beaucoup d’interrogatoires à mener, de personnes à questionner, pour remonter les différentes strates du réseau.
C’est une véritable immersion au sein des services de Police français, de leurs méthodes et manières d’opérer. On va voir comment travaillent ces agents de l’ombre, prêts à sacrifier leur vie pour obtenir ne serait-ce qu’une petite information, qui s’avèrera certainement vaine et inutile.
On va voir aussi à quel point la responsabilité qu’ils portent sur leurs épaules est grande, parce que c’est sur eux que repose l’arrestation de terroristes prêts à frapper à nouveau, et dont une simple erreur de procédure pourrait anéantir la traque.
Il s’agira ensuite de localiser les terroristes, puis de les arrêter. Cette deuxième partie du film prend une autre dimension avec l’arrivée de nouveaux personnages qui auront un impact décisif sur la suite des évènements.
À ce titre, ce qui rend le récit d’autant plus fort, c’est que le long métrage reprend exactement le déroulé de la véritable enquête. Il est à ce titre presque un documentaire. Ainsi, quand je parle de «nouveaux personnages», il faut bien comprendre qu’il s’agit avant tout de véritables individus, qui ont réellement existé, et dont l’impact de ces évènements se fait toujours sentir dans leurs vie aujourd’hui. La conscience de la réalité de tout ce qui est raconté rend le récit encore plus glaçant, et donne au film encore plus d’impact.
Ainsi, le film est pour moi une vraie réussite. D’ailleurs j’ai du mal à le prendre comme un film à part entière mais plus comme un hommage. Dans cette optique, seul un manque de distance ou une volonté de tomber dans le « pathos » ou dans le sensationnel aurait pu rendre le projet raté, ou pire, douteux. Mais force est de constater que le piège est évité, et que le sujet est traité avec énormément de respect.
De plus, le film revêt une fonction éducative pour le grand public, dans la mesure où il nous permet de mieux comprendre les enjeux de la sécurité en France, et comment un état comme le nôtre réagit lorsqu’il est touché en plein coeur.
Il nous permet de voir que, contrairement à ce qu’on pourrait s’imaginer ou à ce qu’on pourrait voir dans les films américains, la traque de terroriste en France ne repose pas sur des logiciels informatiques surpuissants, mais beaucoup plus sur des initiatives individuelles, des intuitions de nos agents de terrains.
Vous l’aurez compris, je vous encourage fortement à aller voir Novembre en salle, même s’il peut ne pas être facile à regarder. Le sujet n’était pas facile, mais l’exercice est réussi.
Bravo.