“Donjons & Dragons : L’Honneur Des Voleurs” est un film d’Heroic Fantasy réalisé par Jonathan Goldstein et John Francis Daley sorti en France le 12 avril 2023.
Synopsis : Un charmant voleur et une bande d’aventuriers improbables se lancent dans une quête épique pour récupérer une relique perdue, mais les choses tournent dangereusement mal lorsqu’ils se heurtent aux mauvaises personnes.
S’il y a bien un film que personne n’attendait pour cette année 2023, c’est lui. Nouvelle tentative de portage sur grand écran du plus célèbre jeu de rôle au monde, la bande-annonce qui semblait vendre un ersatz de gardiens de la galaxie dans un univers médiévale fantaisiste n’avait rien de réjouissante. Et le nom des deux réalisateurs, John Francis Daley et Jonathan Goldstein, principalement connus pour avoir collaboré avec les studios Marvel n’allait pas réellement susciter l’enthousiasme. Puis il y eut les avant-premières presse, et avec elles les premiers retours qui, contre toute attente, se sont révélés dans l’ensemble (très) positifs. Mais qu’a-t-il bien pu se passer ? Le bon goût est-il définitivement mort ? Ou bien avons nous jugé le film trop vite ? Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs est sorti dans nos salles obscures ce mercredi 12 avril et après visionnage, nous voilà bien forcés de reconnaître que nous avons vendu la peau de l’ours-hibou avant de l’avoir tué…
Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs correspond exactement à ce qu’un blockbuster devrait être : généreux, créatif et diablement bien rythmé. Premier piège déjoué ; le film évite le namedroping abusif pour flatter le fan du jeu de rôle avec des références. Ici, tous les lieux mentionnés dans les dialogues seront visités, toute personne évoquée sera rencontrée, en résulte une impression ô combien satisfaisante que cet univers qui semble si riche se dévoile complètement à nous, que rien ne nous est refusé. D’un désert de glace à une ville suspendu dans des arbres millénaires, les paysages traversés par les personnages renforcent à chaque fois le sentiment d’aventure et, pour insuffler de la vie dans tout ça, les réalisateurs mettent en scène des personnages et des animaux toujours plus atypique dans chacun des décors, de quoi rendre encore un peu plus tangible le monde qui s’anime à l’écran.
Attardons-nous d’ailleurs sur le bestiaire bien garni en bestioles plus surprenantes les unes que les autres, sublimées par l’utilisation d’animatroniques élaborés par les équipes de Legacy Effects. Un choix de mise en scène reposant sur la volonté de pouvoir filmer de la façon la plus concrète possible les réactions des acteurs ainsi que leurs interactions avec les créatures. Et comme dans “donjons et dragons”, il y a “dragon”, celui du film incarne peut-être sa plus grosse réussite, dans tous les sens du terme. Difficile de ne pas prendre plaisir en voyant l’imposant lézard cracheur de feu poursuivre le groupe de protagonistes dans sa tanière. L’idée d’un dragon bien dodu permet aux réalisateurs de s’amuser avec la physique de cet univers. Étant lourd et maladroit, le dragon peut trébucher, rouler, voir simplement se laisser glisser sur une pente pour se déplacer. Des contraintes qui se transforment en idée de mise en scène, et qui, en plus d’être franchement amusante, permettent d’apprécier les détails de l’animal ainsi que sa façon d’évoluer dans l’environnement qui a été façonné autour de lui.
Autre qualité qu’il est bon relever ; l’utilisation de la magie dans la mise en scène du film. Se présentant comme un deus ex machina, le bâton magique “d’ici là-bas” a la faculté de créer des portails allant contre les lois de l’espace pour faire traverser à ceux qui l’empreinte n’importe quelle distance d’un seul pas, pour peu que la destination soit à portée de vue de celui qui utilise le dis bâton. Un concept qui se rapproche énormément de la facilité scénaristique, mais don l’exploitation justifie un jeu de profondeur et de relief dans l’action ainsi que des mouvements de caméra rotatifs qui accompagnent avec finesse et fluidité les transitions éclair d’un lieu à un autre. C’était l’autre piège à éviter, celui de la magie qui ne sert qu’à cacher des faiblesses d’écriture ou de mise en scène. Et là aussi, le film s’en sort brillamment.
En ne se reposant pas sur leurs acquis, et en cherchant à exploiter de la façon la plus ludique l’univers de D&D, John Francis Daley et Jonathan Goldstein ont réussi là où à peu près tout le monde les voyait échouer. Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs fait partie des blockbusters les plus honnêtes, généreux et malgré tout intelligents que nous ayons eus ces dernières années. Espérons qu’il rencontre le succès qu’il mérite (c’est plutôt bien parti.), car l’idée d’une suite menée par la même équipe ne serait pas pour nous déplaire…