Les films de Super-Héros, ou Comic Book Movie dans la langue de Shakespeare, ont envahi nos grands écrans il y a plus de 20 ans. Après 25 ans, nous avons désormais atteint un stade où ceux-ci se font rares dans les cinémas, et le grand public, lui aussi, répond moins à l’appel des salles (et certains films se font durement bâcher par la critique et le public). Légitimement, on peut alors se poser la question : Les films de super-héros vont-ils disparaitre petit à petit de nos écrans ?
Depuis la fin des années 90, début 2000, le genre super-héroïque s’est démocratisé. En commençant par le film Blade, passant par les Spider-Man de Sam Raimi, les X-Men de Brian Singer, pour atteindre son point de renouveau avec l’arrivée de l’univers connecté Marvel qu’est le MCU en 2008 par Kevin Feige. S’en est suivi une longue ascension de cet univers qu’est le MCU, jusqu’en 2019 avec Endgame. Pendant ce temps, son concurrent direct, DC, essaya tant bien que mal de rattraper le train de l’univers connecté avec le DCEU à partir de 2013.
Cela dit, il n’arrivera jamais à l’exploiter correctement, seuls certains films indépendants de l’univers comme Joker et The Batman arriveront à sortir leurs épingles du jeu. Ces dernières années, le cinéma a été inondé de super-héros, leurs aventures ont empli les écrans du monde entier, et même le petit écran avec des séries comme The Boys, Invincible, Daredevil,… Cependant, derrière le succès indéniable de ce genre cinématographique se profile une réalité potentiellement délicate : la lassitude grandissante de certains spectateurs.
L’une des principales raisons de la lassitude est la saturation du marché. Avec une pléthore de films de super-héros sortant chaque année, entre les films DC de la Warner, les films Marvel de Disney et les films Marvel de la Fox, certains spectateurs peuvent se sentir submergés par cette offre débordante. En seulement 25 ans de cinéma super-héroïque depuis Blade en 1998, il y a eu environ 78 films de super-héros DC et Marvel au cinéma, soit une moyenne de trois films par an.
Si on rajoute à l’équation, en plus de ça, les séries connectées à l’univers du côté de chez Marvel (utiles pour comprendre les nouvelles phases). On peut comprendre que pour les fans les plus aguerris, c’est un plaisir d’avoir du contenu en sus. Mais pour le spectateur lambda, cela doit être assez décourageant, prenant cela davantage comme des devoirs à faire, avant d’aller voir le prochain gros film du MCU.
La prévisibilité des films de super-héros est un autre facteur dans cette lassitude. À force de regarder les films avec le même schéma narratif (comme avec les Origin story), on commence à deviner les grosses ficelles du scénario, comprendre les enjeux, supposer l’issu des combats, et au bout d’un moment ; cela peut devenir rébarbatif. Le manque cruel d’innovation narrative atténue grandement l’investissement émotionnel du public et peut conduire à une certaine lassitude.
On constate majoritairement ce découragement, par exemple avec le MCU, juste après le film Avengers Endgame en 2019. Point culminant de 10 ans de films connectés et la fin de l’arc « La saga de l’Infini ». On abandonne certains héros avec qui nous avons vécu de merveilleuses histoires, pour laisser le champ libre aux personnages secondaires, et de nouvelles têtes parfois peu ambitieuses.
Sans trop tirer sur l’ambulance, la série She-Hulk a reçu beaucoup de critique du côté des fans. Cela peut s’expliquer de par son histoire peu intéressante, manquant cruellement d’enjeux, mais surtout de par l’aspect émotionnel qui manque amèrement au personnage de Jennifer Walters pour qu’on s’y attache pleinement. On peut prendre l’exemple sur le film Black Panther 2, qui certes a un aspect émotionnel très fort avec la disparition du regretté Chadwick Boseman, mais n’est pas convaincant dans sa démarche de film d’action, contrairement à son prédécesseur. Et d’autres projets manquant le coche niveau « ambition » ont beaucoup déçu les fans après Endgame, comme Secret Invasion, Moon Knight, Thor 4,…
On peut constater la même chose au niveau de la concurrence chez DC, le DCEU a subi beaucoup de difficultés afin de créer son propre univers, en allant trop vite dans le but de rattraper le MCU. Les difficultés de production se sont enchaînées, les projets comme Shazam, Wonder Woman 1984, Black Adam sont arrivés sur nos écrans, laissant le grand public plus que jamais lassé par des films dont la qualité est plus que contestable. Tout cela pour finir sa course lamentablement l’année dernière avec The Flash et Aquaman 2, n’apportant même pas une finalité à l’univers.
Malgré tout, des films comme The Batman et Joker ont su tirer leurs épingles du jeu avec une force, celle d’être des films à part entiers de l’univers connecté. Ce sont eux, qui prouvent que le public répond présent quand la qualité y est. Le DCEU étant fini, le DCU de James Gunn et Peter Safran arrive cependant en 2025. Un nouvel univers connecté certes, mais qui semble s’avérer bien plus proche du matériel d’origine que sont les comics, et qui semble très prometteur au vu des castings et des inspirations. De quoi rassurer les fans, avec la possibilité d’innover la formule et ramener un nouveau souffle au genre.
Du côté de Marvel, c’est un peu plus compliqué. Malgré une très bonne saison 2 pour Loki, la série The Marvels n’a malheureusement pas trouvé son public et les dernières séries telles que Echo et What if n’ont pas emballées grand monde sur la plateforme Disney+. Ainsi, que reste-t-il à l’avenir pour le MCU ? Beaucoup de choses à exploiter, si l’on fouille. Prochainement au cours de l’année 2024, la série animée X-Men 97’ arrive. Elle reprendra les aventures de la série culte des années 90 et sera la première officialisation de l’équipe mutante sur le petit écran. Cette série va permettre de raviver la nostalgie des fans et donner un aperçu des personnages pour leurs futures apparitions sur grand écran.
En parallèle, en Juillet prochain, Deadpool 3 débarque en salle, ramenant au passage Hugh Jackman en tant que Wolverine. Le film prévoit de changer le MCU et de l’ouvrir vers de nouveaux horizons. En plus de ça, Les 4 Fantastiques montrent petit à petit le bout de leur nez avec le casting de Pedro Pascal en tant que Mister Fantastique. À l’avenir, le MCU va pouvoir accueillir les deux plus grandes familles de l’écurie Marvel, de quoi redonner un second souffle aux films de super-héros.
Indépendamment, des projets comme The Boys et Invincible sont acclamés par le public et la critique, ce qui prouve à nouveau que le genre a encore de beaux jours devant lui. Ce n’est pas le genre super-héroïque dont le public s’est lassé, mais seulement la surabondance des films sans grands intérêts avec une qualité plus que médiocre. On voit que Marvel Studios a appris de ses erreurs en retardant des films comme The Marvels et Deadpool 3, afin d’écarter les sorties et peaufiner au mieux les films.
DC de leur côté veut faire table rase du passé et se rapprocher, dans des horizons plus proches, des comics. Il est certain que le genre super-héroïque va continuer de dominer les écrans du monde entier encore un bout de temps malgré une certaine lassitude légitime qui est née chez certains spectateurs. Cependant, il reste à voir comment l’industrie cinématographique va réagir à cette préoccupation. On pense à croire que ce sera en innovant davantage dans les récits, en introduisant de nouveaux personnages captivants tels que les X-Men, ou en explorant des horizons cinématographiques différents pour maintenir l’intérêt du public avec des projets tel que Joker : Folie à 2.
