Quinzaine : «Les Cinq Diables» de Léa Mysius

Les Cinq Diables est un drame fantastique réalisé par Léa Mysius, sortie prévue en août 2022 avec Adèle Exarchopoulos, Sally Dramé et Moustapha Mbengue. 

Synopsis : Vicky, petite fille étrange et solitaire, a un don : elle peut sentir et reproduire toutes les odeurs de son choix. Un don qui va lui permettre de faire un bond dans le passé afin de découvrir les secrets de son village, sa famille et sa propre existence.


Les Cinq Diables est le deuxième long métrage de la réalisatrice Léa Mysius, après avoir présenté son film Ava, en 2017 au Festival de Cannes. Ava évoquait une jeune fille apprenant qu’elle va perdre la vue plus vite que prévu, ici, le sujet principal est aussi lié à un sens, l’odorat. 

Nous suivions Vicky, une petite fille solitaire et harcelée à l’école, qui n’est proche que de sa maman à qui elle porte une dévotion et un amour inconditionnel. Celle-ci possède un don, un odorat surdéveloppé avec lequel elle collectionne les odeurs de ses proches dans des bocaux étiquetés.

L’intrigue démarre à l’arrivée de la sœur du père de Vicky, Julia, qui installe un malaise autant dans la maison que dans le village. Nous en apprenons davantage sur les raisons de ce malaise grâce au don de Vicky qui nous plonge dans un drame qui s’est déroulé dans le passé.

Une intrigue prenante et pesante qui ne nous permet pas de décrocher une seule seconde. Un film ambitieux, drôle parfois, révélant le talent de la jeune actrice Sally Dramé, 11 ans, délivrant une incroyable performance.

Adèle Exarchopoulos, très attendue dans ce film, a dû effectuer une préparation physique pour son rôle. Elle joue ici Joanne, une ancienne miss Rhônes-Alpes et maître-nageuse, mariée à Jimmy et tous deux parents de Vicky. Un personnage profondément malheureux qui dégage un mal être lié à la claustrophobie de sa propre vie. Tentant quotidiennement d’y échapper dans les eaux glacées de son village.

L’admiration que Vicky porte à sa maman crève l’écran et émeut. Une admiration mise en péril par les voyages dans le temps de celle-ci, dans le passé de sa mère. Nous sommes spectateurs de cette petite fille, qui est elle même spectatrice d’une époque où Joanne, sa maman, rêvait d’une toute autre vie que celle qu’elle vit actuellement.

Ce film soulève des questions intéressantes, nos parents ont eut une vie avant nous, quelle serait notre réaction de les voir juste sous nos yeux, jeunes, insouciants, irresponsables, emplis de rêves et épris de quelqu’un d’autre que notre géniteur.

Léa Mysius a fait le choix de retranscrire fidèlement les couleurs. Un film sans artifice prenant place dans un décor montagneux. Un village typique où l’on retrouve l’école, la piscine, le lac, le gymnase, mais surtout le manque d’intimité dans un lieu où tout se sait.

Sa fille, qu’elle chérit tant, lui a permis de vivre de nombreuses années de bonheur dans le déni, mais son passé la rattrape et il est temps pour Joanne de ressentir des sentiments incontrôlables qu’elle n’avait pas ressenti depuis des années.

Il est clair que Léa Mysius est attachée à la puissance des sens, et ici, l’odorat est selon elle, un pouvoir qui nous permet de replonger dans nos souvenirs. Fantastique mais vrai, les sens sont directement liés à nos émotions et il est très intéressant de les aborder au cinéma.

Certains plans méritent d’être relevés. Le choix de mettre la caméra sur la voiture lors d’un déplacement, a rendu la scène d’autant plus immersive. Durant la fameuse scène du karaoké, où la musique joue aussi une grande importance dans les souvenirs, Vicky porte des lunettes psychédéliques, et la réalisatrice décide de nous montrer ce qu’elle voit.

Les Cinq Diables comprend tous les éléments du bon film et c’est ce qu’on peut lui reprocher. Passant des voyages dans le temps, à l’amour de jeunesse, il laisse malheureusement sur sa faim. Une impression d’inachevé et non aboutissement de sujets qui auraient pu être poussé encore plus loin.

Cependant, une question nous a tenu en haleine, comment Léa Mysius a t-elle décidé de mettre fin à son intrigue. Diplômée de La Fémis en scénarisation, celle-ci a bien prouvé qu’elle avait sa place dans le monde du cinéma.


La Note
6,5/10

Note : 6.5 sur 10.
Charlotte Trivès
Charlotte Trivès
Publications: 23