Quinzaine : «Falcon Lake» de Charlotte Le Bon

Falcon Lake est un film dramatique réalisé par Charlotte Le Bon, sortie prévue en salle prochainement, avec Joseph Engel et Sara Montpetit.

Synopsis : Une histoire d’amour et de fantômes.


C’est avec cette brève phrase qu’est résumé Falcon Lake, et en effet cela le synthétise parfaitement. Une histoire d’amour et pas des moindres, le premier amour, l’éveil sexuel dépeint à la fois avec subtilité et franchise, qui nous rappelle cette étape de découverte de l’autre et de soi. La beauté et la naïveté de la jeunesse, tout cela entremêlé à une histoire de fantômes.

A la rencontre de l’intrépide et mystérieuse Chloé, 16 ans, qui va faire vivre à Bastien, 14 ans, les plus belles vacances de sa vie dotées de premières fois, première soirée, première cuite ou encore première masturbation. Une scène de masturbation comme on en a rarement vu au cinéma, autant poétique que crue. Chloé va le pousser à sortir de ses retranchements et affronter ses peurs, dont sa peur de l’eau.

Falcon Lake est le tout premier long métrage de Charlotte Le Bon en tant que réalisatrice et celle-ci s’inspire en partie de faits réels, son adolescence. « Pour moi l’adolescence, ce n’était pas un truc hyper glorieux, je n’arrivais pas à me trouver, il n’y avait aucun groupe dans lequel je me reconnaissais, dans lequel j’étais bien ».

Les films de festival sont bien connus pour aborder des sujets souvent très lourds et ce n’est pas qu’un mythe, ici Falcon Lake est comme une lumière parmi la sélection.

Pour un.e réalisateur.rice, l’étape de la première projection de son film est un grand moment et Charlotte fut étonnée à l’issu de la sienne « Je savais pas qu’on avait fait une comédie » dit-elle en rigolant, en réaction aux nombreux rires partagés de la salle durant la projection.

Elle affirme que c’était une évidence lorsqu’elle lut le roman graphique dont Falcon Lake est inspiré, comptant une histoire d’amour entre deux adolescents. Mais il manquait quelque chose selon elle, elle y a donc rajouté sa touche personnelle et pas des moindres, les fantômes. Nous sommes les spectateurs dans ce film de la fascination de Chloé pour les fantômes et du premier et dernier amour de Bastien.

Mais pourquoi décider d’y ajouter un aspect spirituel, une question qui ne reste pas sans réponse. « J’ai été familière avec la mort dès mon plus jeune âge », et les fantômes ne lui sont pas étrangers non plus, confia la réalisatrice. Une présence règne au Falcon Lake, une présence qui captive.

Ce film est appréciable pour son esthétisme, ses décors absolument subjuguant, ce magnifique lac Canadien le Falcon Lake réputé pour l’incident de 1967 où a été observé la présence d’un ovni.

« Au moindre joli nuage je disais à mon cadreur VITE FILME ».  Le choix du 16 mm semble nécessaire, il a accompagné à la perfection les images. Les musiques, elles, accompagnent aussi foncièrement et donnent une immersion totale.

Le casting est d’autant plus délicat lorsqu’il est question d’une histoire d’amour, trouver les deux personnes qui sauront monter de toute pièce une alchimie naissante. Le choix de Joseph était une évidence pour Charlotte l’ayant repéré dans le film de Louis Garrel, La croisade, « S’il avait dit non j’aurais été dans la merde, je voyais que lui pour le rôle ». Elle ajouta « Il fallait un garçon séduisant pour qu’on comprenne que Chloé s’intéresse à lui ».

Joseph Et Sara affirment qu’ils se retrouvaient dans leurs personnages et qu’ils ont amené un peu d’eux même pour l’évolution et la construction de ceux-ci.

Charlotte voulait créer une Chloé profonde, mystérieuse, intelligente et belle, mais qui l’ignore. Elle admet avoir écrit un personnage qu’elle aurait aimé jouer à l’âge de Sara, affirmant qu’elle regrette qu’on lui ait trop souvent confié des rôles sans profondeurs. L’actrice principale, Sara, complète en disant qu’elle sentait bien qu’elle incarnait d’une certaine manière Charlotte Lebon plus jeune et qu’une fois le film terminé elle lui a « rendu Chloé ».

Deuxième expérience pour Charlotte Le Bon dans la réalisation après son très bon et prometteur court-métrage, Judith Hôtel, également présenté à Cannes en 2018 et disponible sur YouTube.

Quelqu’un du public lui demanda « De miss météo à réalisatrice, qu’avez-vous appris de votre parcours ? » elle répond « J’ai l’impression que ce statut de miss météo me collera à vie alors que je ne l’ai fait qu’un an !! ». Plus sérieusement elle nous confia « Ma carrière de comédienne m’a évidemment aidé, je sais ce que c’est que d’être devant la caméra, je savais ce qu’ils ressentaient alors je les ai aidé, encouragé et mis à l’aise comme je pouvais », « Maintenant que j’ai découvert la réalisation je n’arrête plus jamais ».

Cela ne peut que donner hâte de découvrir les prochains films de Charlotte, tant son travail sur la réalisation est admirable, chaque plan est pensé à la perfection, dès les deux premières minutes j’ai su que j’adorerai ce film.


La Note
8/10

Note : 8 sur 10.
Charlotte Trivès
Charlotte Trivès
Publications: 23