Le consentement : faut-il tout montrer au cinéma ?

Synopsis : Paris, 1985. Vanessa a treize ans lorsqu’elle rencontre Gabriel Matzneff, écrivain quinquagénaire de renom. La jeune adolescente devient l’amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Se perdant dans la relation, elle subit de plus en plus violemment l’emprise destructrice que ce prédateur exerce sur elle.

Après plus de sept semaines à l’affiche, le film coup de poing de cette fin d’année 2023 est, sans nul doute, Le consentement. Très largement inspiré du livre de Vanessa Springora, Vanessa Filho livre au téléspectateur une adaptation fracassante de l’emprise d’un quinquagénaire sur une jeune fille de treize ans.

L’empreinte, Pt.1 – Olivier Coursier et Audrey Ismaël

1985 : Gabriel Matzneff est un éminent écrivain. Très apprécié par les médias, ses œuvres littéraires, pour nombre d’entre elles, au discours ouvertement pédophile, sont abondamment relayées par les journalistes.

Vanessa a 13 ans lorsqu’elle rencontre, lors d’un dîner mondain, l’aura de cet artiste. Jeune fille brillante et passionnée par la littérature, elle devient, en quelques regards, la prochaine proie de Matzneff.

Lentement approchée par l’écrivain, Vanessa est d’abord intimidée. Introvertie et innocente, l’adolescente est vierge de toute expérience sentimentale. Elle n’a pour seul guide, qu’une mère démunie et loin d’être infaillible quant à son devoir de parent.

Moyennant une correspondance épistolaire, le quinquagénaire, parvient à assujettir Vanessa. Une emprise psychologique s’installe progressivement. L’adolescente s’émerveille du privilège qu’elle semble avoir d’attirer l’attention de cet homme qu’elle idolâtre.

Matzneff exerce alors sur Vanessa une emprise sans précédent. Livrant la jeune fille à la vie empoisonnée d’une adulte.

Sans n’avoir aucun jugement de la part de leurs pairs respectifs, l’adolescente ère de dîners politiques en chambres d’hôtels où elle y découvrira une sexualité dégradante et bien trop précoce pour une jeune fille de tout juste 14 ans. Prémices d’une emprise physique insoutenable.

Comment échapper à cette domination lorsque l’on est seule pour l’affronter ? Ne rien dire n’est-il pas cautionner ?

Ce film est une véritable claque. Un scénario glaçant et une mise en scène effroyable d’authenticité. Kim Higelin et Jean-Paul Rouve, duo d’une rare justesse, interprète avec brio les deux protagonistes du récit.
Les scènes n’en restent pas moins extrêmement dur à regarder. On ressent à quel point le scénario est lourd à jouer pour les acteurs et on y ressent d’autant plus l’indignation et la colère lorsque le regard se détourne instinctivement.

Mention spéciale pour Laëtitia Casta, interprétant la mère de Vanessa. Une mère alcoolique et désespérée par ses échecs amoureux répétés. Désabusée par la relation qu’entretient sa fille avec cet homme, on se révolte sans discontinuer des œillères qu’elle arrive à supporter.

Bien que le film soit réussi dans son ensemble, la question reste en suspens : le téléspectateur doit-il nécessairement avoir à supporter les images de cette prédation ? Doit-on tout montrer au cinéma ?

C’est, à mon sens, le prodige de ce film. Ici réside le parallèle de ce qu’a réussi à faire Matzneff durant des décennies. Écrire et affirmer, en toute impunité, son désir d’enfants.
On peut aisément penser que Vanessa Filho défie les sphères politiques et médiatiques en soulevant la question : doit-on tout montrer, sous prétexte de l’œuvre artistique ?

Puissant et hérissant. Un film qui révèle, sur grand écran, un mal qui peine, encore aujourd’hui, à être condamné, lorsqu’il touche des personnalités publiques.

La note

7/10

Note : 7 sur 10.
Faustine Lenoir
Faustine Lenoir
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